L'Enfant Prodigue.




      « Juste : Il est vivant ! Mon enfant est vivant ! Juste cet instant là. Pas de frère jaloux, pas de robe neuve, pas de veau gras…rien de tout ça ! Juste cet instant où le père, sur le pas de sa porte, voit apparaitre son enfant au loin : Il est vivant ! »

     Je ne pouvais pas faire l'enfant “au loin” tout petit ; dans cette parabole les deux personnages sont aussi importants l'un que l'autre. Ils devaient être de la même taille.
     Le père, sur le pas de la porte, devant “sa maison”.
     L'enfant, surgissant, devant “ses montagnes”.
     L'enfant dans une robe très simple, un peu déchirée, pieds nus, cheveux au vent, très dépouillé, fragile…léger, semble être apporté par le vent…Un poète !... Une fille exprimerait mieux la fragilité du voyageur et l'inquiétude du père. Sur le fond de montagnes vertes, proches de la couleur de l'or, une robe rose serait plus joyeux, que ma première idée: un fils en tunique bleue !
     L'enfant, plus fille, que garçon, un peu androgyne, c'est “L'Enfant”, pas fier, anxieux, humilié dans son projet, creusé en lui-même, sait qu'il peut revenir tout de même vers son père qui lui a déjà tout donné.
     Le père, sur le pas de la porte, se redresse d'un bond : c'est “l'instant”. Le banc dit son attente. La longueur de la barbe et sa blancheur disent la durée du temps de l'attente. Le chapelet, à son poignet, dit qu'il n'a jamais cessé d'espérer. Sa maison, derrière lui, est à son image, solide, puissante, elle bouge et se réveille, comme lui. Il est la seconde colonne qui la soutient. La manche de sa robe sursaute avec lui. Sa main “n'en revient pas encore” mais elle sait que, les deux mains, chacune à sa manière, vont bientôt se toucher. Le rideau rouge - couleur du Saint Esprit – et la tente sur la terrasse soulevée par le Souffle Saint. La terrasse, témoigne de ses prières.
     La main de Dieu, dans un mouvement, bénit cet instant et tout ce qui a été creusé, aussi bien dans le père que dans l'enfant.
     La maison, ouverte, vivante, participe à la joie du père.
     L'Esprit Saint l'emplit et la traverse toute, de bas en haut, depuis toujours.
     L'enfant n'est pas encore sur le même plan que le père. Il doit faire encore un effort.
     Derrière l'enfant, les grandes montagnes, par leur puissance et leur mouvement représentent les forces aspirantes qui l'ont attiré hors de la maison du père. Mais ce sont ces mêmes forces qui le ramènent au bout du voyage initiatique, elles semblent saluer l'instant, en même temps que le déposer. Elles représentent son vécu, son voyage, son “bagage à dos“, toute son histoire. Elles accompagnent, en harmonie, le mouvement de la main de Dieu, montrant ainsi que Dieu le Père a toujours veillé sur son enfant dans l'épreuve.
     L'or représente la présence de Dieu. « C'est quand je suis faible que je suis fort. » Les vagues en montagnes, sont creusées par la main de Dieu, laissant apparaitre l'or. L'or se révèle.
     Le pied de l'enfant surgit de l'or, et sa tête sur l'or, témoignent de cette veille de Dieu sur le chemin de son enfant. Ainsi, le pied, le visage de l'enfant et la main de Dieu sont sur la même ligne.
     L'ouverture de la bénédiction est aussi tournée vers le père. Si l'enfant a les cheveux au vent, encore pris au vent, au parfum de sa montagne, les épaules du père, la forme de sa tête et ses cheveux en arrondi, sont comme ceux d'un enfant en train de naitre. Le père pénètre un autre niveau de conscience. Tout le haut du corps du père participe à ce mouvement de naissance, comme une poussée dans l'or de cette ouverture faite par Dieu, or présence de Dieu, tandis que ses pieds, chaussés, sont largement posés sur la terre.
     Ainsi l'icône témoigne de la joie de l'incarnation.



Estampille de Sylvie Petit.