“Le Soleil était à son zénith.”

La Samaritaine.




     C'est après avoir lu “La Samaritaine ” expliquée par Françoise Dolto dans son livre : “Les évangiles au risque de la psychanalyse” que je me suis dit : « si un jour je fais La Samaritaine, je ferai le soleil au fond du puits ».
     Voici, en partie, ce que dit Françoise Dolto, sur l'évangile de Jean (4,1-42), et que j'ai trouvé très beau.
     Il est midi, il n'y a pas d'ombre, Jésus est dans un axe : les pieds sur la terre historique de ses ancêtres et la tête avec le soleil à son zénith, le charnel et le spirituel. Le soleil de Dieu donne verticalement sur la source de Jacob, rencontre entre le ciel et la terre, sans ombre, sur le lieu ombilical de la naissance du peuple juif.
     Ce qui veut dire que Jésus était lui même à son zénith, traversé par la lumière de son Père au plus profond de ses ancêtres.

     Et le voilà chez les Samaritains. Les Samaritains sont les gardiens des cinq livres de la Torah, le Pentateuque Samaritain, ils ne reconnaissent pas les autres livres juifs comme des livres sacrés. Très rigoristes, très intransigeants, ils se sont séparés des juifs. Depuis le schisme ils sont une secte détestée (SI 50,26) “Le peuple stupide qui demeure à Sichem” ;. On pourrait dire qu'ils sont “en eaux dormantes”

     Par ailleurs, Sichar n'a jamais existé, il s'agit de Sichem (Genèse 12,6-7) lieu de naissance de la nation Juive, départ de la “promesse” qui marque la vocation d'Abraham.
     C'est au chêne de Manbré à Sichem que Dieu apparut à Abraham : il vit trois hommes… (18,1)
     En Genèse (26,19), les serviteurs d'Isaac creusèrent et trouvèrent un puits d'eau vive.
     En Genèse (29,9), Jacob rencontre Rachel au puits, il roule la pierre qui le recouvre pour que le bétail puisse boire. On ne sait pas où est ce puits et ce n'est pas Jacob qui l'a creusé.
     La Genèse (33,18) dit que Jacob a acheté Sichem, elle ne parle pas de ce puits : c'est une tradition juive.
     C'est aussi à Sichem que Jacob enfouit sous le chêne l'or et les statuettes des dieux étrangers (35,4).

     Parmi toutes les lectures possibles,
     Dans cet évangile les cinq maris de La Samaritaine représentent les cinq livres de la Torah.
     Et le puits, sans ombre, représente le Christ lui-même, où le soleil traverse la profondeur des eaux.
     La Samaritaine, qui, on peut le dire, n'attendait que le Christ, représente La Nouvelle Eglise, nouvelle eau, de stagnante elle devient eau vive. N'oublions pas que Jacob, justement, a rencontré sa future femme, Rachel, auprès d'un puits, et que l'Eglise est l'épouse du Christ !

     Par rapport à l'icône elle-même, on peut dire que généralement le Christ et les apôtres sont représentés en groupe, face à une scène, le Christ, de façon centrale, est, ici, assis comme sur un trône, sur la terre de ses ancêtres, il rayonne dans sa plénitude. Je voulais faire une Samaritaine très féminine, et pourtant bien cachée dans son vêtement : il est midi, à l'heure où chacun reste chez soit, elle sort discrètement, et si j'ai peins l'eau jaillissant de sa cruche c'est pour exprimer sa joie, sa surprise… mais aussi qu'elle-même est devenue eau vive.


Estampille de Sylvie Petit.