J´ai commencé ce paravent par le trou noir. Contrairement à tous les conseils qu'un élève peut entendre, c'est toujours ainsi que je commençais un tableau : par un détail.
      Ensuite, comme on ferait une broche, j'ai serti le trou d'une écorce de pin très douce. Petit à petit est né cet arbre creux et sans racine tendant ses bras au ciel.
      Le trou noir est resté des plus plat, sans histoire à l'intérieur pour l'adoucir, exactement de même nature que celui que l'on fait quand on peint la grotte dans l'icône de la Nativité du Christ.
      Puis comme on réchauffe dans ses mains, comme une prière, j'ai peint un manteau d'or autour du tronc.
      De cette prière sont nées les petites fleurs, mais dans l'autre panneau et cela n'a été possible que dans la présence de Dieu ; symbolisée par les feuilles d'or véritable et la nuée qui descend du ciel.
      Parallèlement je peignais l'ardoise douce et ronde, le silex lourd, dur et cassant, d'autres pierres de calcaire emprisonnant dans leurs cavitées morbides les petits coquillages venus s'y réfugier et qui n'ont pu y grandir... Les petits cailloux m'ont été inspirés par ceux peints par le Caravaggio dans la crucifixion de Saint Pierre, l'écorce d'or par un arbre que j'ai vu en Inde, tout en feuilletage d'or gaufré, le silex a été trouvé et porté par une petite fille durant toute une longue promenade. Pour soutenir et trouver un sens au tableau, il a fallu que je découvre cette pierre sombre et verte pleine de lumière, de chemins et d'histoires, semblable à une grotte.
      Du trou noir à la grotte, la naissance fut vraiment très longue, mais maintenant, on se repose.