Icône de la Nativité du Christ.

Dans celle ci j´ai souhaité transcrire par les couleurs, ce verset de l´Exode, 3/17: "La terre qui ruisselle de lait et de miel", une Nativité qui "transfigure" la face de la terre.		Mais c´est devant celle ci que j´aime expliquer La Nativité, j´y trouve plus de présence venant de la grotte.

et... sous le regard de Marie:

Les neuf petites scènes:

6)La crèche...      Nous devons peindre la grotte du noir le plus noir, d´un noir sans histoire à l´intérieur pour l´adoucir...d´un noir de néant.

     L´Enfant Jésus porte sur son auréole le signe de la croix (le signe de la passion), et les trois lettres grecques:

qui sont la contraction de : "Je Suis Celui qui Est"... de toute éternité.(donc le signe de la résurrection.)
     Exode 3/14: en grecque

Dieu répondit à Moïse: “Je Suis Celui qui Est.” et Dieu ajouta: “Tu parleras en ces termes aux fils d´Israël: Celui qui Est m´a envoyé près de vous.”
     En Hébreux le nom de Dieu s´écrit:

mais il ne se prononce pas, En lisant de droite à gauche, cela se dit : Yod - He - Waw - He.

     Ainsi, d´un seul coup d´œil, au centre supérieur de l´icône, nous pouvons "saisir":
la passion, la descente aux enfers, et la résurrection.
     La tristesse de la condition humaine et la joie de la résurrection sont toujours intimement liées dans l´icône.
     Le Christ, en naissant dans une grotte, sanctifie les profondeurs de la terre.
     La Mère de Dieu: “Le jeune enfant est sorti de la montagne, (la montagne représente la Vierge) le Verbe, pour restaurer les hommes ” (quatrième Ode du canon de la Nativité).
     Marie, étendue, proclame la vraie naissance.
     Les trois croix sur son manteau, l´une au front, les deux autres aux épaules témoignent de la triple virginité de Marie: avant, après, pendant la naissance.
     “ Tu seras connu entre deux animaux.”: Le prophète Habaquq.
Dans la grotte, l´àne, qui est une divinité païenne, représente les "Gentils´ et le bœuf représente les Juifs, qui étaient un peuple de nomades.

sous le regard de Marie:

     La sphère du domaine humain

7) Le doute de Saint Joseph.      (souvent à gauche, Saint Joseph, peut être placé plus haut dans l´icône, mais isolé de la grotte.)      Saint Joseph, troublé est interpellé par un vieux berger. Ce berger fait souvent l´objet de polémiques. Certains vous diront: “ il n´est qu´un vieux berger.” D´autres, qu´il représente le tentateur, le diable, le démon.      Pour ma part, quand je le peins, je peins le tentateur.      Dans une icône, c´est le seul personnage que l´on doit peindre de profil, parce qu´il dit la vérité, mais qu´une partie de la vérité: il ne se montre donc pas de face.

       Et s´il s´appuie sur un bàton tordu, c´est que ses arguments sont tordus.
     Aussi, jamais, dans une icône on ne doit faire le Christ ou la Vierge de profil. Bien sûr, vous verrez des icônes avec les anges de profil! Mais on ne doit pas le faire.

     Ainsi: Le moine Grégoire Krug, dans "carnet d´un peintre d´icônes":
“Habituellement sur l´icône de la Nativité du Christ on représente Joseph, ployé dans l´affliction, torturé par les doutes... devant lui se tient le démon sous les traits d´un vieux berger... et il tente de troubler Joseph.”

     Michel Quenot, dans "L´Icône":
“Dans l´icône seuls les personnages n´ayant pas atteint la sainteté apparaissent de profil...
Le profil court-circuite d´une certaine façon ce contact directe et dépersonnalise la relation...
Par leur frontalité, les personnages de l´icône interpellent le spectateur et leur livre leur état intérieur.”

     Pierre Gianadda (fondation), dans le catalogue d´exposition: "Icônes russes":
“Dans la partie basse de la composition d´une Nativité, sont représentées les scènes de la tentation de Joseph par le diable (à gauche) et celle de l´ablution (à droite)...”

     Mais par contre: Le Père Georges Drobot, dans "icône de la Nativité":
“... un personnage ne peut donc figurer sur l´icône sous l´apparence d´un autre......”.



     Parfois, aux pieds de Saint Joseph, se trouve peinte "la racine de Jessé":
Par Joseph, Jésus descend du roi David, fils de Jessé: trois fois quatorze générations d´Abraham à Jésus. (Mathieu: 1,17.)

8) La scène du bain de l´Enfant qui comprend le doute de Salomé.      Issue du Protévangile de Saint Jacques , cette petite scène n´est retenue comme canonique, ni par l´église Orthodoxe, ni par l´église de Rome.      Elle est à comprendre comme une "légende chrétienne", et fait pourtant réellement partie de l´icône canonique de la Nativité du Christ. La légende raconte comment Salomé, sage femme, qui doutait de la virginité de Marie, a vu sa main se dessécher en voulant vérifier, et qu´elle en aurait retrouvé l´usage, par un miracle, en baignant l´Enfant.

     Si j´aime beaucoup peindre cette petite scène, c´est qu´elle nous dit que, bien sûr Dieu n´a pas besoin d´un bain, mais qu´en s´incarnant le Christ a droit à son bain comme chacun de nous, et que sa présence sur terre sanctifie le cosmos.

     C´est le même symbole que l´on retrouve dans l´icône du "Baptême du Christ", où le Christ, en pénétrant dans le fleuve, sanctifie les eaux, qui vont jusque dans les profondeurs de la mer, (comme pour la grotte de la Nativité: les profondeurs de la Terre.) et qui, en s´évaporant, avec la pluie, ressanctifient éternellement la Terre, et par la même...

9) Le cosmos: Juste en face de Dieu, en passant par le Mystère de l´Incarnation. Le monde minéral, (l´eau, les pierres...) Le monde végétal, (les plantes, les arbrisseaux, parfois avec des fruits rouges). Et le monde animal participe à la jubilation de la matière par l´incarnation de Jésus.      Jésus: “ Je vous dis: si ceux- là se taisent, les pierres crieront.”: Luc 19/40.